On ne parle plus que de cela. Aujourd'hui, il faut entreprendre, produire et consommer de manière durable si l'on ne veut pas être perçu comme un mauvais joueur, que l'on pointe du doigt.
Abattoir mène une politique de gestion durable jusque dans les moindres aspects de tout ce qu'elle entreprend. La gestion des déchets n'en constitue qu'une petite partie, mais cette facette de nos activités mérite incontestablement que l'on s'y intéresse. Vous constaterez que notre activité génère également pas mal d'emplois dans une ‘chaîne’ de spécialités au sein d'entreprises qui, a priori, ne semblent pas avoir beaucoup en commun avec la nôtre.
Deux circuits distincts
Nous pourrions dire que les déchets produits sur notre site se répartissent grosso modo en deux catégories: les déchets de marché et les déchets d'abattoir. Ces deux catégories sont traitées selon trois paramètres géné- raux: la réglementation en vigueur, telle qu’appliquée par l’AFSCA, l'Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire; l'aspect écologique, en vertu duquel le recyclage a priorité sur la combustion; l'aspect économique, le prix de revient et/ou le retour sur investissement.
Les déchets de marché
L'ensemble des déchets de marché doit être réparti en palettes, avec le carton et le papier d'une part et les déchets de légumes et de fruits d'autre part. Normalement, le papier et le carton sont jetés dans un conteneur, dont le contenu sera ensuite comprimé en petits ballots et recyclé par la société Recupa. Certains ballots qui ne conviennent pas au recyclage sont transférés vers l'incinérateur de Neder-over-Heembeek. Les autres sont pressés en ballots de plus gros volume et transportés vers les papeteries, où ils serviront à fabriquer de la pâte à papier, utilisée dans la production de papier recyclé (habituellement du papier ou des cartons d'emballage). Les déchets de légumes et de fruits se retrouvent dans un conteneur que nous mettons à disposition à cette fin. La collecte représente environ 6 tonnes par week-end. L'entreprise Vanheede se charge de l'enlèvement et utilise les déchets pour la production de biogaz, qu'elle transforme en électricité (énergie verte). Depuis janvier 2015, une nouvelle initiative a été lancée: le COLLECTMET, qui vise à récuperer le surplus de denrées alimentaires présent sur nos marchés.
Les déchets d'abattoir
L’AFSCA répartit les déchets d'abattage en trois catégories. La première comprend les matières qui présentent un risque biologique, comme la moelle épinière ou les têtes de bovins déclarées impropres à la consom- mation. Ces déchets sont détruits par ‘rendering’, un processus de broyage et d'adjonction de vapeur, qui aboutit à deux fractions résiduelles: la graisse et la farine animale (protéines). La graisse est utilisée comme carburant (jusqu'à 1500°) pour sécher la farine animale, qui pourra être utilisée comme carburant dans l'industrie cimentière.
La deuxième catégorie comprend les matières qui ne sont pas appropriées à la consommation humaine ou animale, mais qui ne constituent pas un véritable danger. Ces matières sont recyclées par souci de sécurité. Il s'agit en l'occurrence du contenu de l'estomac et de l'intestin des animaux abattus, ainsi que de déjections. Ces matières sont recyclées pour produire du biogaz.
La troisième catégorie rassemble les déchets qui ne conviennent pas à la consommation humaine, mais qui sont utilisés notamment dans la production de ‘petfood’, des aliments pour nos animaux domestiques, donc. Sachez aussi que nous récupérons même les poils de porc. Les porcs fraîchement abattus sont trempés dans un bain d'eau chaude pour ramollir les poils. Les carcasses subissent ensuite un brossage vigoureux. Les poils détachés sont collectés ; ceux qui subsistent sur la carcasse sont brûlés. La firme Rendac collecte les poils et les utilise pour en faire de la farine qui servira à alimenter les poulets. Les acides aminés dans la farine favorisent entre autres la croissance et la densité du plumage des poulets.
Même le sang, c'est du business
Le sang des bovins relève de la catégorie de déchets numéro 1. Quant au sang de porc, il se répartit en ‘sang frais de la plaie’ (obtenue en égorgeant le porc après l'abattage) et en ‘déchets de sang’ (le sang qui a coulé sur le cadavre). Le sang frais de la plaie convient à la consommation humaine et sert à la production de saucisses, de pâtés et d'autres charcuteries. Il intervient aussi dans la production de colorants, de médicaments, de colles etc.
Une station d'épuration des eaux usées
Nous disposons de notre propre station d'épuration autonome pour le traitement de nos eaux usées. Un système complexe de pompes et de tamis filtre les eaux usées pour obtenir deux fractions : les matières retenues par les tamis et des eaux usées. Les matières solides sont séchées et collectées par Rendac.
Quant aux eaux usées, elles sont transférées vers un réservoir de 800m3 que l'on appelle la ‘biologie’. Des bactéries y dégradent les matières grasses contenues dans l'eau. L'adjonction d'air comprimé (oxygène) permet à d'autres bactéries de dégrader les matières organiques encore présentes dans l'eau. Ce processus dure environ 11 heures. Au terme du traitement, on provoque la précipitation des bactéries vers le fond, tandis que l'eau est pompée vers les égouts publics. Les boues organiques accumulées dans le fond du réservoir subissent d'autres traitements (coagulation, épaississement, centrifugation) avant d'être collectées par Indaver qui les brûlera dans ses fours à Anvers.
D'autres mesures ‘durables’
Les huiles usées des moteurs et des réducteurs sont collectées par Recupoil et transformées en une huile réutilisable de qualité moindre – ou en additifs pour le mazout. L'entreprise Shanks récupère et recycle les tubes néon.
Précisons pour terminer que la chaleur générée par les compresseurs à l'ammoniac qui préservent les températures basses des espaces réfrigérés est utilisée pour réchauffer l'eau froide en provenance du réseau de distribution. Nous soufflons donc littéralement le chaud et le froid !
Vous constaterez donc que ce n'est pas seulement sur notre site que nous générons bon nombre d'emplois durables. À l'extérieur également, notre activité suscite pas mal d'activités annexes. Ce mode de gestion nous permet en tout cas d'affirmer qu'au sein du quartier densément peuplé où nous travaillons, nous assumons pleinement notre responsabilité sociale en gérant la dimension environnementale avec une belle conscience écologique.