Témoignage de Yamila Idrissi
Yamila Idrissi, députée Sp.a, est l’initiatrice du Musée Au Canal, un musée d’art moderne et contemporain situé le long du canal. Elle a de surcroît un lien particulier avec Abattoir. Enfant, elle venait de Malines accompagnée de ses parents au marché des abattoirs. Dans le cadre des ’50 ans de migration marocaine’, un livre paraîtra ultérieurement cette année dans lequel Idrissi exprime admirablement l’importance que représente le marché d’Abattoir à ses yeux. En voici un court extrait…
"La vie poursuit normalement son cours dans le pays que vous laissez derrière vous. Mais au sein de la diaspora, elle s’arrête étrangement. Comme si le fait même de s'exiler avait déjà causé une perturbation excessive, écrit Hanif Kureishi. Je trouve cette citation splendide, des mots qui décrivent à la perfection ce sentiment de rupture, d’absence, de mal du pays et de douleur. C’est pour ces raisons que nous prenions la voiture le dimanche afin de nous rendre aux marchés de l’Abattoir d’Anderlecht pour pouvoir y humer les odeurs, nous imprégner des couleurs qui nous étaient familières. Cette excursion dominicale constituait pour nous un point d’ancrage, nous procurait un sentiment de réconfort qui était le bienvenu. L’occasion d’oublier un moment les soucis et de suspendre le temps belge, qui passait tantôt trop vite tantôt trop lentement (tout dépendait des jours). Ces matinées à l’abattoir nous rassérénaient et nous restituaient à chaque fois un petit bout de Maroc. Nous n’y achetions pas seulement des légumes, des fruits et de la viande, nous pouvions y renouer avec des choses connues. Et nous n’étions pas les seuls."
Comme mentionné précédemment, le livre intitulé ’50 ans de migration marocaine’ paraîtra encore cette année chez 'De Bezige Bij'. Son histoire complète y est relatée.